La fermeture

janvier 2015

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Mémoire

  • Travail

    Crédit photo : Didier Browet

    Crédit photo : Didier Browet


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    Flot de réactions face à la fermeture éventuelle de la sucrerie

    Archive du Journal Le Soir, du vendredi 16 janvier 2004.

    Inquiétude, sentiment d’injustice. La Sucrerie de Genappe fermera sans doute ses portes. Une décision stratégique, non économique, selon le personnel. Les réactions sont nombreuses.

    On se doutait que l’entreprise devrait fermer, mais pas si vite, explique Léon Jeurissen, coordinateur et délégué syndical de la CNE, reflétant l’opinion de bon nombre des septante-six travailleurs.

    Mercredi, la Raffinerie tirlemontoise, propriété du groupe allemand Südzucker, a annoncé son intention d’arrêter la production à Genappe (Le Soir de jeudi) dans le cadre d’une restructuration des industries sucrières au niveau européen. La tuile a suscité d’abord un sentiment d’injustice. Cette décision ne traduit pas un mauvais bulletin économique, poursuit le coordinateur. Il s’agit d’une décision stratégique du groupe qui veut préparer l’avenir : notre sucrerie est au centre du jeu de quilles ; les betteraves peuvent être réparties dans les sièges en périphérie (Wanze et Brugelette).

    Un ressentiment aussi : pour beaucoup, la création d’un silo destiné à stocker les betteraves au fur et à mesure de leur acheminement vers le port d’Anvers aurait permis de distribuer 80.000 tonnes de sucre en vrac supplémentaire à la clientèle de la région. Le projet, chiffré à un demi-milliard de francs, avait été porté devant le Conseil d’Etat par Philippe Lorsignol, alors conseiller communal Ecolo, et par Daniel Detienne, un riverain (qui s’apprête à remplacer Françoise Sandron au conseil communal). Le permis de bâtir avait été recalé par le Conseil d’Etat et le silo avait été installé à Wanze.

    L’inquiétude, enfin. L’on craint le projet du groupe de licencier 150 personnes sur les sites de Tirlemont, de Wanze, de Brugelette et de Genappe. Ce dernier occupe actuellement 43 ouvriers, 7 agents techniques, 20 employés et 6 cadres auxquels s’ajoutent, durant la saison betteravière, 55 saisonniers. La direction veut rassurer en parlant de reclassements internes et de mise à la prépension.

    L’impact se ferait sentir aussi à d’autres niveaux. Difficilement mesurable, juge Geneviève Brigode, présidente de l’association des commerçants ; mais, la majorité des travailleurs résidant dans la région, la baisse du pouvoir d’achat en cas de pertes d’emploi, pèsera d’un poids évident. Et les réactions défilent.

    Du côté du syndicat betteravier, l’on regrette cette décision dictée par des intérêts financiers d’autant qu’elle anticipe toute décision qui pourrait être prise à propos de la réforme de l’organisation commune du marché du sucre. Les délégations syndicales CNE et FGTB annoncent leur intention de défendre bec et ongles le site et l’emploi. Et la députation permanente réclame le maintien des activités sur le site et, le cas échéant, des mesures sociales et environnementales, la mise en place d’une cellule de reclassement du personnel non repris sur un autre site et le maintien du revenu net des producteurs betteraviers.

    Enfin, le bourgmestre de Genappe et le ministre de l’Économie Serge Kubla s’apprêtent à rencontrer la direction.

    CATHERINE MOREAU


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