Des histoires personnelles
janvier 2015
/Crédit photo : Marie-Louise Druez
Échange avec Christine Andrien, co-directrice de la Maison du Conte de Bruxelles.
« Pourquoi récolter le témoignage des gens ? »
Pour se connaître soi, savoir d’où on vient, qui on est et ce qu’on défend, il nous semble important de savoir ce qui s’est passé avant, de connaître son histoire. C’est fondamental. Pour la plupart d’entre nous, la grande Histoire, c’est l’histoire des grands événements, les choses à retenir, avec les grandes lignes historiques. Mais la chose qui nous touche le plus souvent, ce sont les témoignages emplis de sentiments et d’émotions qui sont transmis par les gens qui les ont vécus. Ces deux sont indissociables. La récolte de témoignages, la petite histoire, les lettres qu’on a pu retrouver, c’est ça qui fait la chair de l’Histoire. C’est comme cela que l’Histoire vit et vibre en chacun.
« Est-ce facile de partager son récit de vie ? »
En général, les personnes qui ont témoigné sont très contentes d’entendre leurs paroles. Souvent, lorsqu’on va collecter, les personnes nous disent qu’elles n’ont rien d’intéressant à raconter. Le fait d’aller les voir et d’aller récolter leurs paroles leur rend une vraie place au sein de la société car leur parole reste vivante. Elles ont un rôle de porteur de mémoire.
« Que faire de ces témoignages ? »
C’est une parole importante à sauvegarder, celle des gens. Mais pas pour la laisser dans des tiroirs… Parce que collecter pour collecter, cela n’a pas beaucoup de sens et ne sert pas à grand-chose. A la Maison du Conte, nous en faisons toujours un traitement artistique.
« Pourquoi passer par l’oralité ? »
On dit que les paroles s’envolent et que les écrits restent mais quand on les transmet à d’autres, elles ont un autre impact que quand on les lit. Quand on les dit, on peut faire passer des émotions, mettre des temps. Et puis, on écoute ensemble alors que lorsqu’on lit, on est seul. Or, la dimension collective me semble vraiment importante. C’est comme la tradition populaire orale qui part d’histoires qu’on se racontait le soir, durant la veillée. Chacun apportait un récit. Il n’y avait pas d’auteurs, c’était une parole collective.
« Cela concerne tout le monde ?
Il y a des gens qui n’ont pas connu la guerre ou qui n’ont jamais vécu à Genappe. Pourtant, en entendant ces témoignages, ils peuvent se dire que cela leur rappelle des choses qui les touchent et qui parlent de leur histoire personnelle…
Propos recueillis par le Centre culturel de Genappe